Huile essentielle de Romarin à « chémotype verbénone »
Le Romarin, plante dont je vous ai parlé dans la « feuille de la sauge » de mai 2023, où je tempêtais il y a presque un an contre son changement de nom scientifique : de Romarinus officinalis, il est passé à Salvia rosmarinus ! De garçon, il est devenu fille … Est ce dans l’air du temps ??? Bref, dans le paragraphe Phytothérapie je mentionnais en premier point un tropisme hépato-protecteur par son Huile Essentielle « à verbénone »…
Mais qu’est-ce qu’un Chémotype ?
Avant d’aller plus loin, il nous faut définir ce qu’est un chémotype, on trouve sur le net la définition suivante bien incomplète : « Le chémotype ou CT définit l’huile essentielle et permet de distinguer certaines plantes. C’est le nom de la molécule marqueuse d’une huile essentielle donnée. »
En fait au sein d’une même espèce, dans notre exemple le romarin et on parle bien toujours de la même plante, qui poussant dans un biotope différent, va développer des composants différents, tel un vin ou un café… qui vont lui donner une fragrance différente qui changera quelque peu la composition de son huile essentielle. Sous nos latitudes les plus connus sont le Thym et le Romarin, entendons-nous bien, il n’est pas question de changer la plante, ni l’espèce seulement le biotope qui comprend les différents composants du sol les influences climatiques selon la latitude, la longitude, mais aussi l’altitude, l’hygrométrie, l’ensoleillement… et beaucoup d’autres facteurs.
Notre plante donc va développer des molécules qui prennent en compte tous ces paramètres, et qui va les restituer dans l’hydro distillation, via son huile essentielle et son eau florale (toutes deux issues de la même distillation).
Il n’est pas dit que ce soit le composant majoritaire qui définisse le chémotype, mais un composant qui n’existe pas ou peu dans d’autres huiles essentielles d’une autre plante de la même espèce. Je vous propose pour se faire de comparer les deux chémotypes connus de l’HE de Romarin dans le tableau ci-dessous que j’avais réalisé pour mes élèves du CFPPA de Saint Ismier il y a quelques années déjà.
Exemple de deux chémotype du Romarin le « 1-8 Cinéol » et le « à verbénone ». Dans le romarin la Cinéol on peut voir le 1-8 Cinéol à près de 45% alors que dans le verbénone il ne dépasse pas les 10%
Dans le romarin à verbénone on trouve le double d’alpha pinène, comme de Bornéol que dans le romarin à Cinéol… ce qui caractérise déjà les deux HE. Si on compare également le géraniol est présent dans l’HE de verbénone alors qu’il n’y en a pas dans le cinéol. Dans ce dernier très peu d’acétate de bornyle, moins de 1,25% pour une moyenne de 9% pour le verbénone…. Et bien sûr une moyenne de 4% de verbénone alors que le romarin à cinéol n’en a pas !
Tout se passe comme si nous avions à faire à deux entités différentes, ce qui sur le plan thérapeutique est le cas ! La présence des certaines molécules et l’absence d’autres permet de définir une zone de compétence d’une huile essentielle. Ici cet exemple est non seulement probant dans les pourcentages, mais il l’est surtout quand nous réalisons des olfactions des deux chémotype. La douceur du romarin à verbénone, s’efface devant la puissance de celui à 1-8 Cinéol, la première toute en rondeur touche pourtant notre foie avec fermeté, et permet à celui-ci un nettoyage que nous pourrions lui offrir avec une bonne cure de salade de pissenlits au début de saison, pour autant que l’on ne rajoute pas de lardons ou des œufs durs, voir quelques foies de volaille…
Romarin |
Rom. à Cinéol |
Rom. à verbénone |
Monoterpènes |
||
alpha-pinène |
10,62%- 11.29% |
26,41% -29.95%, |
alpha-thujène |
0.24% -0,32% |
|
alpha-phellandrène |
0,13% - 0.14% |
|
camphène |
4,31%- 4.78% |
6,43% -8.78% |
limonène |
1,24% 2.69% |
3,63%- 4.11% |
para-cymène |
1,27%-1,41% |
1,31% -1.96% |
béta-pinène |
5.39%- 7,12% |
1.31%-2,65% |
myrcène |
1.31%-1,36% |
1.30%-1,36% |
alpha-terpinène |
0.37%- 0,43% |
0,40%-0.41% |
terpinolène |
0.35%-0,37% |
0.40%-0,92% |
gamma-terpinène |
0.59% -0,80% |
0.37%-1,04% |
delta-3-carène |
0,23% - 0,37% |
|
sabinène |
0.11% - 0,15% |
|
Monoterpénols |
||
bornéol |
2,69% - 4.48% |
4,17%-8.17% |
linalol |
0.68%- 0,81% |
1.43%-1,87% |
alpha-terpinéol |
1.71%-1,79% |
1.24% |
terpinèn-4-ol |
0.76% - 0,82% |
0.70%- 0,90% |
géraniol |
0.48%-0,82% |
|
Esters terpéniques |
||
acétate de bornyle |
0,97%-1.24% |
7.38%-12,55% |
Cétones |
||
Camphre |
11,43%-11.57% |
8,96%-13.64% |
Verbénone |
3.76%-8,33% |
|
Oxydes terpéniques |
||
1,8-cinéole |
44.90%-46,46% |
7.73% |
Sesquiterpènes |
||
Béta-caryophyllène |
3.27%-3,45% |
0.49%-0,91% |
Alpha-humulène |
0.33%-0,38% |
|
Delta-cadinène |
0,19%- 0.24% |
|
Gamma-muurolène |
0,16%- 0.20% |
|
Gamma-cadinène |
0,09% - 0.11% |
Après ce point éclaircit, je vous parle donc de l’HECT (note 1) : Romarin à Verbénone….
Obtenue par hydrodistillation, généralement des sommités fleuries. Certains producteurs haut de gamme distillent uniquement les fleurs et les feuilles qui séparées manuellement de la tige très ligneuse, cela donne une HE d’une grande fraicheur, verdure et finesse.
Principaux pays producteurs : France, Afrique du sud, Madagascar
Son aspect est généralement liquide mobile, de transparent à jaune très clair, l’odeur elle est herbacée, florale, ronde, avec une grande finesse. La densité de l’HE de romarin à verbénone est généralement entre 0,90 et 0,94. Vous avez les détails d’une analyse ci-dessus dans le tableau. Je ne reviendrais donc pas dessus.
Les propriétés
Régénérateur hépatocytaire
Drainante hépatique
Régulateur endocrinien
Lypolitique
Équilibrant du système nerveux
Tonique cutané, cicatrisant
Anti-infectieux et antiseptique
Tonique cardiaque, cutané et cicatrisant
Anticatarrhal et mucolytique
Indications
Sinusites, bronchites, asthme, congestions pulmonaires
Insuffisances hépato-biliaires, drainage hépatique
Hépatites et entérocolites virales
Vaginites leucorrhéique, leucorrhée
Arythmies et tachycardies
Dépressions et fatigues nerveuses
Couperose, acné, séborrhée, varicosités
Usage externe :
- Pour les affections de type nerveux, 3 gouttes sur le plexus solaire diluées dans une huile végétale à renouveler au besoin
Pour les pathologies digestives (foie et intestins), 2 gouttes diluées dans une huile de l’huile de chardon Marie en massage léger le soir avant 22h
Pour les infections ORL, 2 à 3 gouttes diluées dans une huile végétale appliquées sur la zone concernée 2 à 3 fois par jour
Soins de la peau : applications locales en dilution dans une huile végétale de noisette ou de calophylle
note 1 - HECT « Huile Essentielle ChémoTypée »