Le Serpolet petite plante de montagne fort...

21 août 2024

Le Serpolet petite plante de montagne fort appréciée pendant quelques siècles est tombé en désuétude. Ce qui est fort dommage car c’est une plante facile à utiliser et qui à ma connaissance n’a aucune contre-indication.

Photo Simone Sarah Chabert – Droits réservés

Caractéristiques de la famille de lamiacées
Les Lamiacées ont généralement des racines pivotantes et ramifiées, des feuilles simples pleines (Mentha sylvestris), parfois dentelées (Stachys officinalis), opposées et décussées. La tige est toujours de section quadrangulaire (carrée).
Le calice est fait de sépales soudés souvent pointus parfois piquants
La corolle a le plus souvent une symétrie verticale, composée en deux parties de pétales soudés : 2 pétales supérieurs et de 3 inférieurs (quelques espèces diffères)
L’androcée ou partie « masculine » est composée de 4 étamines fertiles souvent par paires, parfois inégales dans leurs longueurs. Le gynécée ou partie « féminine » est composée de deux carpelles (réceptacles)soudés entre eux, qui a la fructification contiennent 4 akènes : graines souvent rondes et de petite taille 2 à 3 mm pour la sauge officinale ou de moins d’un millimètre pour la lavande la mélisse et le serpolet. La plupart des lamiacées sont mellifères.

Description du serpolet et biotope
Le serpolet ou « thym serpolet » est un proche cousin du thym, ils appartiennent au genre thymus, ici Thymus serpyllum, il est de la famille des Lamiacées. Appelé parfois « thym sauvage » il est rampant, a des feuilles persistantes ovales à lancéolées, de couleur verte avec parfois des reflets pourpres. Il donne en été des grappes de fleurs roses à mauve. Il est très odorant.
Le serpolet est très commun dans toute la zone tempérée européenne. Il est grégaire et pousse en touffes, sur le bord des chemins ensoleillés, dans les landes, les pâturages dans les pentes pour recevoir plus de chaleur ou sur les coteaux.


Photo Simone Sarah Chabert – Droits réservés
ici Serpolet et Lierre terrestre à feuille plus claires et dentelées

Vous l’aurez compris c’est une plante de zone ensoleillée et surtout le chaud comme toutes les Lamiacées, et qui aime aussi les terrains bien drainés. On peut la trouver jusqu’à 3000m d’altitude. Le serpolet résiste au gel jusqu’à -20 °C et préfère une terre légère, sablonneuse, bien aérée, si possible humifère.
Il est présent spontanément dans les montagnes de l’Isère, de la Savoie et de la Haute Savoie, et peut aussi être cultivé pour en faciliter la cueillette. Quant à sa multiplication, elle se fait par division des touffes au printemps ou par bouturage estival.

Il peut être très tapissant, et en cela, il peut être une ressource pour protéger le sol de trop d’évaporation puisque l’on estime qu’avec 10 cm de couverture on évite en 70 à 90 % d’évaporation d’eau…

Selon la Flore de L’abbé H. COSTE
2854.- Thymus serpyllum L. (T. ANGUSTIFOLIUS Pers.). Serpolet.
Plante vivace de 5-30 cm, verte, glabrescente ou peu velue, aromatique ; souche peu épaisse, émettant de longues tiges couchées-radicantes, formant un gazon assez serré ; rameaux assez allongés, brièvement pubescents tout autour ; feuilles petites, obovales en coin ou linéaires-oblongues (4-6 mm de long), atténuées et longuement ciliées à la base, glabres sur les faces, à nervures saillantes ; inflorescence en têtes globuleuses ou ovoïdes ; calice poilu tout autour ou glabre en dessus. Espèce polymorphe. Lieux secs et arides, surtout calcaires, dans presque toute la France. — Europe ; Afrique septentrionale ; Asie occidentale et centrale. = Mai-septembre.

Source Flore descriptive et illustrée de la France de la Corse et des contrées limitrophes par L’abbé H.COSTE

On trouve le Thymus serpillyum dans la Fora Helvética et sur le site Tela botanica


Photo Simone Sarah Chabert – Droits réservés

Compositions, propriétés et usages

D’après Passeport santé de nombreuses substances actives le composent parmi lesquelles :

  • Des phénols : thymol, carvacrol
  • Des monoterpènes : alpha-pinène, limonène, bornéol, myrcène, géraniol, linalol etc.
  • Des sesquiterpènes : béta-caryophyllène, alpha-humulène ;
  • De l’acide rosmarinique, malique…
  • Des flavonoïdes de 0,15 à 0,6% : quercétine, lutéoline, agipénine, ériocitrine ;
  • Des tanins 5% environs
  • De la résine
  • De la saponine
  • Un principe amer.

On retrouve nombre de ces éléments dans son huile essentielle.

Le serpolet est antiseptique et il a des propriétés antivirales.
Sphère respiratoire  : en tant qu’expectorant, il exerce aussi une influence sédative au niveau respiratoire et est efficace en cas d’infection pulmonaires, mais aussi de toux, de coqueluche, d’asthme, de bronchite.et il est donc efficace en sirop ou en infusion pour traiter la grippe, les rhumes, maux de gorge, la toux provoquée par une infection des bronches ou des poumons.
Il soulage les nez bouchés et la sinusite utilisé en fumigation
Sphère digestive : stomachique, cholérétique, vermifuges, carminatif.
En aromate ou en infusion, c’est un désinfectant des voies digestives souvent utilisé associé au romarin et à la sauge. Il soulage les digestions difficiles.
Sphère féminine : Il est emménagogue, et résout les dysménorrhées.
Sphère urinaire : Il est aussi diurétique et ces deux qualités étaient déjà reconnues par Dioscoride.
Infections urinaires et cystites
Sphère dermatologique : Saint Hildegarde de Bingen l’utilisait elle, pour traiter les démangeaisons et la gale… acné et irritations (zone de frottement)
Il peut être sédatif en régulation du sympathique et de fait antispasmodique ; il et tonique en cas d’asthénie, de convalescence, d’anémie, ou de dépression.

En thérapeutique familiale
La tisane est un bon choix : 150 ml d’eau pour une pincée de parties aériennes de la plante, en infusion 8 à 10 minutes de 3 à 4 tasses par jours.
En usage externe les compresses ou applications sur une peau fatiguée ou de l’acné : faire une infusion de 250 ml d’au bouillante et de 8 c à soupe de plantes. Infuser , refroidir en appliquer longuement.
Usage plus spécifique : On peut à floraison (50% de fleurs ouvertes) récolter les parties aériennes, les déposer en couche épaisses 1 à 1,5 cm dans un pot à large col et séparer chaque couche de sucre bio blond. On remplit le pot couches plantes alternée de couches sucres, on tasse bien, et on oublie le pot au fond du placard ; cela se fait entre juin et juillet. En décembre on retrouve le pot ( si, si cela arrive qu’on le retrouve !) et là on a deux choix… un peut les grands et un pour les plus petits…
Pour les grands on va rajouter un alcool (philosophique c’est mieux) à 40° minimum jusqu’à 60° et faire dissoudre tranquillement le sucre, puis extraire des plantes ce qu’elles donnent dans l’eau et l’alcool… et faire une liqueur qui aidera les poumons, mais il ne faut pas que ce soit un prétexte pour en boire tous les soirs… LOL
Pour les plus petits on va tamiser sucre des plantes, faire fondre au bain marie le sucre et épaissir ce sucre doucement, quand il a la consistance d’un rob sur un plateau en marbre on laisse tomber des gouttes en rang un peu serrer, quand celle-ci sont dure on recommence à remettre des goutes sur les premières afin de faire des pastilles qui seront sucées pour les maux de gorges…


Photo Simone Sarah Chabert – Droits réservés

Récolte et conservation
La récolte peut s’effectuer au long de l’année bien que l’on préfère (comme pour la sarriette ou l’hysope qu’il ait fleurit pour le récolter.
Si l’intérêt est les feuilles seule la récolte se fait alors avant floraison, en particulier si l’on prépare un élixir spagyrique de feuilles.
La partie aérienne fleurie est ramassée en début de floraison (50% de fleurs ouvertes), l’idéal est de ramasser un jour fleur, on préfèrera la une en gémeau ou balance qu’en verseau… il est clair que l’heure, la date, le biotope et l’ensoleillement influent sur la teneur en principes actifs.
On préfère couper à l’aide d’un ciseau en céramique (qu’avec d’un sécateur ou d’une faucille) les tiges ; on dépose dans un panier, ou dans un grand sac en coton propre pour les quantités plus importantes.
Pour le stockage elles seront rapidement séchées à dans un endroit aéré, et à l’ombre de la lumière directe du soleil et de la lune, si c’est dans une pièce ouverte pensez à fermer la fenêtre la nuit pour cause d’humidité. Soit les tiges sont rassemblées en petits bouquets aérés, soit les parties aériennes sont mise à plat sur les claies afin de conserver au mieux couleur et texture.
Les feuilles séchées et triées seront ensuite stockées dans un récipient fermé hermétiquement l’idéal étant un fût en carton contenant des sacs papiers kraft ; évitez avant tout le plastique qui empêche la plante de respirer… Le stockage dans la durée se doit être dans un endroit sec (hygrométrie de l’ordre de 5à 7 %), entre 10 et 20° à l’abri de la lumière.
Pour améliorer la conservation on limite l’air dans le sac en tassant suffisamment les plantes (sans les abimer) en le fermant serrer afin de limiter l’oxydation. En général on ne conserve que sur une année. Les anciens disaient : cueille pour ta consommation, plus une poignée pour le voisin et une pour le voyageur…

En plus

Cueillette et règlementation


Photo Simone Sarah Chabert – Droits réservés

Dans toute la France la cueillette professionnelle de spécimens de la flore sauvage est règlementée ; pour le public, elle est parfois interdite, peut se limiter à ce que contient la main suivant les espèces protégées, ou est libre. Dans ce dernier cas, rappelez-vous que vous n’êtes pas seul à cueillir… et que si vous souhaitez retrouver l’espèce l’année suivante il est judicieux de laisser une grande partie en place.
Le Serpolet n’est soumis : ni au régime de protection, ni au régime d’autorisation défini par le code de l’environnement. Il est donc judicieux de vérifier les autorisations de cueillettes localement, puisque par exemple, il semble disparaitre dans les Alpes de Haute Provence (https://www.tela-botanica.org)

L’élixir floral de serpolet

L’élixir floral de serpolet est préparé à partir d’une infusion solaire de ses fleurs sur de l’eau, l’infusion durera 4 h. c’est aujourd’hui un élixir expérimental, peu utilisé, peu connu, pourtant on peut en dire qu’il aide à trouver sa place dans le monde humain. Il est en lien au poumon (comme dans ses propriétés phyto) mais dans le sens d’espace : pour libérer autour de soi l’espace nécessaire pour se sentir en sureté, il aide à la liberté d’action, il permet d’ouvrir l’être à de nouvelles connaissances particulièrement humaines et intellectuelles.


Photo Simone Sarah Chabert – Droits réservés

En cuisine :
Le serpolet est très odorant nous l’avons déjà dit, ses feuilles très aromatiques peuvent être consommées fraîches ou sèches, la saveur est moins piquante quel celle du thym, et plus ronde que celle de l’origan et convient bien aux enfants.
Il est utilisé pour parfumer viandes en grillade, volailles, poissons, ragouts, légumes du soleil, salades printanières, fromage blanc...pour les plats salés.
Il se marie aussi avec le sucré dans les confitures et gelées, les salades de fruits, compotes et glaces, ou autre crème anglaise ou l’on infuse les parties aériennes dans le lait qui sera le support...

Le serpolet supporte la cuisson vives des grillades et est aussi souvent incorporé dans les mélanges de type « herbes de Provence » en remplacement du thym plus besogneux à ramasser et comme je le disais plus haut, il est un bel intermédiaire entre thym et origan ou marjolaine.
Le serpolet donne de très bonnes tisanes souvent appréciées des enfants car pas trop puissantes.
Un creux de main de sommités fleuries, pour 500ml d’eau, laissez infuser 8 à 10 minutes maximum et filtrez.

Miel : le serpolet est une plante mellifère. Il rentre fréquemment dans la composition des miels de montagne ou de garrigue.

Usages anciens : Sédatif, antispasmodique : toux, bronchites, coqueluche, insomnie, malaises, maux de tête…
Stimulant de la motricité digestive : dyspepsie, ballonnements, constipation, spasmes de l’œsophage, hernie abdominale, vermifuge, obstructions du foie et de la rate
Dépuratif : érysipèle
Emménagogue : leucorrhée, dysménorrhée, hémorragies utérines
Diurétique léger : maladies infectieuses de la vessie
Vertiges, migraines

Serpolet était attribué au 9 è jour de Prairial dans le calendrier républicain.

Aucune contre-indication à la plante n’est connue

Biblio
Le livre des bonnes herbes de Pierre Lieutaghi
Phytothérapie de Jean Valnet
La santé du bon Dieu de Maria Trében
Le grand manuel de phytothérapie du Dr Éric Lorrain
Le traité pratique de phytothérapie du Dr Jean Michel Morel

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