Le mélèze
C’est un des plus grands arbres de nos forets d’altitude, jusqu’à 50 m ! Les forêts de mélèzes sont appelées : mélézins. Pour autant le nom de « mélèze » est parfois donné à plusieurs types d’arbres, de la famille des Pinéacées.
Photo couleur bois
Il existe :
- LE Mélèze d’Europe : Larix decidua. C’est de lui dont nous allons parler, mais aussi :
- un Mélèze dit de Chine ou Pseudolarix
- un Mélèze d’Amérique Mélèze larinin, Larix americana ou Pinus laricina au feuillage très fin. C’est une espèce pionnière qui aime les terrains tourbeux.
- un Mélèze du Japon Larix kaempferi, introduit en Europe en 1861(que l’on croise parfois avec L. decidua et qui donne L.x marschlinsii), il a des cônes plus gros que ceux de L. decidua.
On lui connait d’autre noms : Larège, Larice sauvage, Laza, Mélesse, Pin de Briançon, Brinva…
Localisation & biotope
Le Mélèze d’Europe est très connu et apprécié pour son bois, nous y reviendront, mais faisons connaissance, il pousse en France en abondance dans le Queyras où il peut exprimer clairement ses lettres de noblesses, sur des pentes aigües, et jusqu’à près de 3000 mètres d’altitude, car c’est un arbre de lumière (ce qui nous sera utile dans son élixir floral). On le trouve également en Ubaye, dans le Dévoluy, Le Briançonnais, le Mercantour. C’est un arbre à croissance plutôt lente, qui préfère les milieux secs et ensoleillés. Il résiste bien au froid -36° et s’accommode de fortes variations de températures, mêmes brusques 50° sur une même journée. Il est classé parmi les essences rustiques et a une longévité d’environs 600 ans.
Écorce de Mélèze
Un peu de botanique
Il a besoin d’un sol profond pour s’installer car il va développer un système racinaire très puissant, dans le but de se fixer solidement au sol. Il y a donc peu d’éboulis dans les forêts de mélèzes et cela lui donne une belle résistance aux vents.
Le tronc ou fut est bien droit, régulier, conique, avec une écorce grisâtre, fort crevassée, et qui est très épaisse chez les sujets âgés. Il porte des branches pouvant lui donner jusqu’à 15 m de circonférence. Elles sont couvertes de petites rosettes foliaires caduques, composées de feuilles ou plus précisément aiguilles irrégulières qui ne piquent pas et sont regroupées en paquets de 35 à 40 aiguilles. La chute de ses feuilles nourrit l’humus qui sera propice à la germination d’autres conifères aimant les terrains pas trop acides. Quand les fleurs apparaissent il montre de magnifiques fleurs femelles (qui donneront les pignes) d’une couleur rouge- bordeaux et de discrètes fleurs mâles jaune brunâtre, de type « poilues » un peu plus petites. C’est une espèce monoïque : qui porte les deux types de fleurs séparées les unes des autres sur un même pied. Les cônes ou « pommes » sont de petites tailles 3 à 4 cm et sont très utilisés pour la décoration. Ils sont souvent présents d’une année sur l’autre, il est donc fréquent de trouver en même temps que les fleurs femelles incontournables par leur couleur rougeâtre, des pignes de l’année précédente, « qui tiennent à leur branches » !
Sa particularité : une frondaison caduque
Une particularité de ce conifère est qu’en Europe, il fut longtemps le seul (aujourd’hui le pin d’Himalaya l’a rejoint) à voir sa frondaison jaunir à l’automne et tomber en totalité au sol ce qui donne une autre indication thérapeutique pour son usage en élixir floral ; mais aussi ce qui le rapproche du groupe des feuillus.
Son nom
Une hypothèse a été faite que son nom venait du patois dauphinois ou Alpinois « mel » désignant le miel ; ou peut être issu de « mala » la montagne… quoiqu’il en soit sa manne fut considéré avec sa sève comme ‘un miel’ et son domaine d’excellence est la montagne.
Scierie Bottarel – 38570 Goncelin
Le bois
Je vous disais plus haut que l’arbre a une croissance lente, en effet il lui faut entre 20 et 30 ans pour faire une hauteur de 3 à 4 mètres, si l’on considère sa croissance longue et son altitude de vie, on comprend aisément que le bois de cet arbre est serré, compact et donc recherché.
Dans le monde forestier on surnomme parfois l’arbre le « chêne de la montagne » principalement à cause de la qualité de son bois qui est exceptionnel. Le bois, issu de cette croissance lente est le plus durable et le plus solide des bois de conifères. Il est imputrescible, on l’utilise dans la construction de navires, dans les charpentes, les bardeaux de toitures, les traverses de chemin de fer, les mats de bateaux, pour faire de tonneaux …
C’est un bois de belle densité 600kg/m3 ! Il a une très bonne stabilité dans le temps, d’une belle couleur jaune clair à rose veiné de rouge. Ses couleurs le font apprécier aussi dans le mobilier particulièrement en montagne.
Utilisé comme bois de chauffe, il faut se méfier de ses éclats dus souvent à se résine, il offre une des meilleures chauffes parmi les résineux mais impose un entretien régulier des cheminées.
Son exploitation dans le 04 et 05 donne un taux de boisement de 56%, mais 345 000 grumes y sont récoltées chaque année, pour un bois de croissance lente, le reboisement se devrait d’être plus à la hauteur. Le bois est le plus souvent abattu après la chute des feuilles et avant le solstice d’hiver, dans une période « hors sève » en lune descendante.
Photo Wikipédia
Symbole du Mélèze
Quelle que soit la saison, le mélèze est un arbre élégant en frondaison et altier l’hiver.
Perdant ses aiguilles l’hiver, et les retrouvant au printemps il est marqué par le renouveau, le courage, la spontanéité. Le Mélèze c’est l’audace issue peut être à la hardiesse de sa végétation mais surtout dans sa capacité à se mettre à nu de son feuillage contrairement à ses cousins de types Pinus, Abies…
En Sibérie il joue le rôle ‘d’arbre du monde’ comme le frêne peut le faire pour la Scandinavie en étant ‘l’Iggdrasil’, au même titre, le Mélèze est l’arbre central et support du chamanisme d’Europe centrale.
Il symbolise l’amour maternel, car il offre très souvent le gîte et le couvert aux écureuils et les oiseaux s’y abritent souvent. Du fait de son écorce imperméable, le hibou moyen-duc apprécie y loger.
C’est un arbre réputé peu sensible au feu, son aubier épais le protège, et quand il a été chauffé en surface, il suinte une sève plus rouge, couleur sang qui était utilisée pour différents actes magiques, tout comme les pignes qui étaient brûlées pour éloigner le mauvais œil ou le mauvais sort. Vu la rectitude de son tronc c’est un arbre lié à la droiture morale.
Mélèze était le 17 è jour du mois de Germinal
Usages thérapeutiques possibles
Photo ONF
Le mélèze en phytothérapie classique a de belles propriétés médicinales dans ses aiguilles : antiseptique, anti-infectieuses, expectorantes, vermifuge, parasitoses intestinales, infections ORL : laryngites, sinusites, otites… il fluidifie les secrétions bronchiques, agit sur l’eczéma, l’acné, les furoncles, le psoriasis, les infestions urinaires (cystites), les rhumatismes, ainsi que sur les névralgies.
Sa racine est aussi riche en arabinogalactanes et en polysaccharides (sucre du bois de mélèze ou sève protectrice).
On trouve cet éloge dans la revue Santor « En effet, pour stimuler l’immunité, cette plante agit en favorisant le développement des globules blancs, et surtout les macrophages qui sont essentiels à la fabrication d’anticorps. Il prévient la pénétration des agents pathogènes, des micro-organismes, des virus ou des bactéries, dans notre corps.
Dans le cas où les défenses immunitaires sont faibles, le mélèze peut également traiter ou soulager diverses pathologies, et surtout, les infections ORL, telles que les laryngites, sinusites, otites, etc. Il peut aussi fluidifier les sécrétions bronchiques ».
Nous rappelons que toute prescription doit être faite par un professionnel de santé, et que tout traitement il doit se faire sur une courte période.
La manne de Briançon, issue du suintement de l’aiguille de mélèze est un suc d’un goût fade et légèrement sucré, qui est produit par l’arbre quand il y a de forts écarts thermiques. Sur les aiguilles se coagule une sorte de cristallisation blanche collante, qui doit être récolté tôt le matin.
La manne du mélèze sert à faire augmenter les globules blancs, peut-être en relation de signature… contrairement à la manne du frêne qui sert elle, à libérer les intestins.
La résine de l’arbre est une oléorésine. Récoltée, elle donne la « térébenthine de Venise » qui est exploitée maintenant au Tyrol et dans le Piémont. Elle ne se déphase pas contrairement à celle des autres conifères, ni ne durcit en surface. Épaisse et très consistante, elle est uniformément nébuleuse. Sa propriété siccative est quasi nulle, elle ne se solidifie pas et se dissout dans 5 fois son volume d’alcool à 36°.
Cette térébenthine de Venise, la plus prisée, était recherchée pour fabriquer des vernis. Elle fut aussi un des ingrédients de la cire à cacheter.
On utilisait aussi la résine qui a un pouvoir antiseptique, comme pâte à mâcher, particulièrement en Russie ou elle était mâchée au quotidien, comme la coca peut l’être en Amérique du Sud.
L’huile essentielle de Mélèze fera l’objet d’un prochain article. Elle est obtenue par l’hydrodistillation des feuilles (ou bout de branches) ; elle est riche en terpènes, alpha-pinène.
Il semble possible d’extraire aussi une HE de la sève de l’arbre, comme on le fait pour le Styrax, le Copal, le Benjoin ou la Myrrhe.
La liqueur est faite à partir de 60 fleurs femelles de Mélèze, 200 gr de sucre en poudre (60 morceaux), 1/2 litre d’alcool à 90° et 1/2 litre d’eau. Faire macérer les bourgeons floraux femelles dans l’alcool pendant 40 jours dans un bocal fermé, les retirer de l’alcool ajouter le sucre. Faite bouillir l’eau, la laissez refroidir, la rajouter à l’alcool, laisser reposer 24h, filtrer et mettre en bouteille. De nombreuses distilleries locales du Queyras proposent cette liqueur, qui peut être transformée en sorbet très gouteux et rafraichissant !
La bière aromatisée, il existe dans les brasseries locales, différentes bières aromatisées aux aiguilles de mélèze, mélangées à d’autres matières premières : les feuilles d’épinette noir, de the du Labrador, de chatons l’aulne, des feuilles d’absinthe, etc.
Réactif pour tanner le cuir, en effet les tannins contenus dans l’écorce et le bois ont servi pour le tannage de certaines peaux, et aussi comme mordant a une certaine gamme de colorants végétaux dans les tons des jaunes-rouges.
Leonardo Fioravanti, né le 10 mai 1517 à Bologne et mort en 1588, médecin italien de la Renaissance et disciple de Paracelse, en a extrait un alcoolat qu’il utilisait à des fins médicinales sans doute dans la lignée de la Thériaque de Venise. Cet alcoolat entrait dans la composition d’un baume souverain contre les rhumatismes et névralgies. Ce baume fut probablement l’ancêtre du baume du tigre contrairement à l’idée reçue ce n’est pas la Chine qui possède la primeur des baumes mais l’Europe. Ce baume appelé aussi alcoolat (car issu de ce dernier) contenait de la térébenthine de Mélèze ; de la résine d’élémi, de galbanum, de myrrhe, du styrax liquide, de l’aloès, des baies de laurier, du galanga, de la racine de zédoaire, du gingembre, de la cannelle de Ceylan, du clou de girofle, de la muscade et des feuilles de dictame de Crète. Ce baume fut inscrit à la pharmacopée française jusqu’en 1949 !!!
Le Mélézitose est un triholoside (oligoside) présent dans le miel, les miellats et la sève de nombreux arbres et plantes. Il est découvert en 1833 dans la manne de Briançon : dépôt exsudé du mélèze. En 1859 il sera nommé par Marcellin Berthelot du nom de Mélézitose (Mélèze +ose (sucre))
Illustration Fondation klorane
L’élixir floral de Mélèze - Larch
Un des élixirs du Dr Bach, il fait partie de la deuxième série de 19 élixirs majoritairement d’arbres, alors que la première série de 19 étaient majoritairement des herbacées. Bach dit dans l’ouvrage « la guérison par les fleurs » : « Pour ceux qui se considèrent moins bons ou moins capables que ceux qui les entourent, qui s’attendent à l’échec, qui ont le sentiment qu’ils ne réussiront jamais et, en conséquence, ne risquent rien ou ne font pas de sérieux efforts pour arriver ».
Dans l’ouvrage « Collected Writtings of Edward Bach » (C.W., 91) le Docteur Bach donnait sa vision positive de l’état Larch sous forme de ce que Julian Barnard appelle une affirmation. La voici : « Nous choisissons l’occupation terrestre et les circonstances extérieures qui nous donnent les meilleures chances de nous mettre au maximum à l’épreuve. Nous arrivons en pleine conscience de notre tâche particulière, nous arrivons avec l’impensable privilège de savoir que toutes nos batailles sont gagnées avant que nous ayons combattu, que la victoire est certaine avant même que l’épreuve se présente à nous, parce que nous savons que nous sommes les enfants du Créateur et que nous sommes donc divins et invincibles ».
Julian nous décrit le Mélèze comme un être un peu insaisissable, « d’apparence étrangement vague, d’aspect tombant et langoureux » (des branches) ; le côté « peu disposé à se redresser » et le fait de se dépouiller de ses aiguilles à l’automne…
Il ajoute nous pouvons nous demander pourquoi le Mélèze nous offre l’antidote ?
Le Mélèze est un arbre de zone nord de l’hémisphère nord, d’altitude, de sol longtemps gelés ou il est difficile d’avoir accès à l’eau, d’où la nécessité de perdre ses aiguilles, pour faire face au stress hydrique.
Les délices Orsatus confitures et délices de fleurs
Si l’on regarde l’arbre qui est le plus grand conifère d’Europe, on peut être étonné de le voir se dépouiller de sa parure à un moment de plus grand froid (justifié par le stress hydrique certes), mais qu’en est-il de cette personnalité étant le « plus haut » qui à l’humilité de se dénuder, de se mettre à nus devant ses cousins sapins, pins et autres épicéas. Il faut avoir quand même une « sacrée confiance » en soi ou une « confiance sacrée » (là nous rejoignons l’assertion positive de Bach) pour oser se dévêtir devant tous ses congénères et autres végétaux, ainsi que devant le monde animal…
Il faut aussi avoir excessivement confiance dans ses fruits qui sèmeront la génération suivante, c’est dans leur grande beauté, tant de couleur (rouge) et d’architecture (suite de Fibonacci) que réside aussi la force intérieure de l’arbre. C’est sans doute une des plus petites pignes de conifères qui soit, mais qu’elle délicatesse.
Julian dit à ce propos : « Les fleurs sont modestes, mais lorsqu’on les observe de plus près, elles révèlent une structure magnifique dotée d’une force et d’une délicatesse qui caractérise l’état d’âme positif corrélé à cet élixir ».
La rectitude d’âme mimant celle du tronc, la force issue du rouge de sa fleur, l’équilibre parfait de son fruit dans son architecture, sa capacité à renaitre à chaque printemps, font sans doute de cet arbre un exemple de souplesse, d’adaptabilité et de résilience, élément que l’on retrouvent dans l’EF.
Cet élixir est préparé par la méthode d’ébullition pour les puristes de Bach, pour autant la luminosité dans laquelle il grandit peut nous permettre de le préparer par la véritable méthode originale de Bach qu’est l’infusion solaire… l’ébullition n’étant qu’une copie de la décoction…
C’est donc un grand élixir de confiance en soi en ses capacités, sa créativité, son adaptabilité.
Julian Barnard a une vision contemporaine de chaque élixir de Bach comme étant à lui seul une quintessence et il dit de lui, « c’est la quintessence de la confiance en soi ses mots clé sont confiance, volition, acceptation ».
Le terme de volition me permet une digression : si vous voulez choisir un dictionnaire ne vous contentez pas d’y trouver le mot volonté, mais aussi celui de volition !
L’EF de Mélèze facilite enfin les prises de décisions, les mises en action, diminuant la peur de l’échec ou du ridicule. Il nous remet en face de nous même de nos potentiels et de leurs voies de réalisation.
Comme le souligne Mechthild Scheffer : les personnes qui procèdent de Larch ont des complexes d’infériorité qui trouvent leur racine dans la tendre enfance ou avant. Ce sont des êtres qui ont une structure d’âme très fine, qui ne leur donne pas toujours la force et la volonté de combattre la programmation négative de leur être. On doit le déplorer, car généralement elles ne sont pas seulement aussi capables que les autres, mais elles leur sont souvent supérieures… l’énergie de Larch aide à développer les idées limitées que la personne se fait d’elle-même et à lui faire découvrir ses capacités inemployées…
Elle ajoute : c’est un élixir intéressant en situation d’examen, de séparation ou divorce, d’alcoolisme (pour oublier que l’on est moins bien que les autres) et d’impuissance masculine.
Extrait des « 38 quintessences florales du Dr Edward Bach ».